C’est au pas de charge que Mme Ségolène Royal mène sa visite au Sénégal. Hier, après un séjour à Saint-Louis, elle a accordé un entretien au « Soleil » avant de se rendre au Palais de la République où elle a été reçue en audience, en début de soirée, par le Président Macky Sall. Invitée par le président du Comité national olympique et sportif sénégalais (Cnoss), membre du Comité international olympique (Cio), Diagna Ndiaye, l’ancienne ministre française de l’Environnement, de l’Énergie et de la Mer soutient l’organisation des quatrièmes éditions des Jeux olympiques de la jeunesse (Joj) prévus en 2026 au Sénégal. Elle reste également engagée dans le combat pour la nouvelle écologie qu’appelle la mondialisation.

Propos recueillis par Samboudian KAMARA (Textes) et Moussa SOW (Photos)

Quelles sont les raisons de votre séjour au Sénégal ?

Le Sénégal, c’est un pays frère ! J’ai des liens très forts avec le Sénégal ! Et chaque fois que j’ai l’opportunité de venir ici, je le fais avec grand plaisir. Comme l’a dit l’Organisation mondiale de la santé (Oms), le Sénégal fait partie des pays qui ont le mieux géré la pandémie. J’ai rempli les conditions sanitaires. J’ai fait le test qui s’est révélé négatif et j’ai eu l’attestation d’entrée dans le territoire. Et voilà…(Rires)

Vous revenez de Saint-Louis, une ville au cœur des problématiques environnementales avec l’avancée de la mer. Un cas d’école pour beaucoup…

J’ai remarqué qu’il y a beaucoup de travaux à Saint-Louis. C’est très important. J’ai été admirative du quai de pêche avec tous ces bateaux le long du fleuve. Saint-Louis est aussi menacée par le réchauffement climatique avec la montée du niveau de la mer. J’avais promis depuis longtemps de me rendre dans cette ville et c’est maintenant que j’ai pu honorer cet engagement. Lors de la Cop 21, nous avions créé la Coalition contre l’érosion des côtes, notamment celles de l’ouest africain. Je me suis renseignée et j’ai rencontré le directeur d’Eiffage sur les travaux entrepris pour consolider les digues et empêcher la dégradation du littoral. C’est d’autant plus important pour moi qu’en tant que présidente de la région Poitou-Charentes pendant 10 ans, j’ai eu à gérer la question des digues suite à la tempête Cynthia qui avait fait plusieurs morts. Depuis longtemps, je m’intéresse à l’érosion des côtes de l’ouest africain. Nous sommes dans la continuité des décisions prises lors de la Cop 21 au cours de laquelle le Président Macky Sall a joué un rôle essentiel puisqu’il a été un des grands leaders de la Conférence de Paris sur le climat, notamment sur la question de l’accès à l’eau. Toutes les initiatives prises par le Sénégal dans le domaine du solaire et des énergies renouvelables rejoignent le travail de ma fondation pour l’installation de maternités électrifiées au solaire en Casamance.

La pandémie du nouveau coronavirus a remis à jour notre rapport à l’environnement. D’aucuns estiment que c’est l’occasion d’une sorte de renouveau de l’écologie. Partagez-vous cette idée ?

C’est l’occasion de conscientiser plus les populations. Surtout que les crises sanitaires sont liées à la crise climatique et à la mondialisation effrénée et sans contrôle. Le réchauffement climatique produit de nouvelles maladies. Par exemple, quand j’ai écrit mon livre sur la justice climatique, il était important d’y noter que les pays africains ne sont pas responsables du dérèglement climatique ; ils en sont plutôt victimes. Il y a une grande responsabilité des pays industrialisés qui ont utilisé des énergies fossiles à grande échelle. De ce point de vue, les Chefs d’État africains, pendant la Conférence sur le climat, en particulier le Président Macky Sall, ont beaucoup pesé pour que l’Afrique rejoigne l’accord de Paris ; ce qui n’était pas évident. Ils auraient pu dire qu’ils attendaient un soutien pour la promotion des énergies renouvelables. Maintenant il faut passer à l’action pour le transfert des technologies concernant le développement durable. Le président Diagna Ndiaye fait beaucoup pour que les Jeux olympiques soient « développement durable ». Des jeux qui développent tout le potentiel lié à la construction durable, aux énergies renouvelables, le recyclage des déchets, le transport propre… À ce sujet, je suis heureuse que le Sénégal ait obtenu l’organisation de ces jeux ; d’où ma joie d’être présente au Cnoss. Dans la Commission environnement du Comité international olympique (Cio), il y a le Prince Albert de Monaco qui a beaucoup œuvré pour la Conférence de Paris sur le climat. J’ai aussi appris qu’il y aura autant de femmes que d’hommes chez les athlètes. C’est une bonne chose…

le Soleil

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