La classe politique est plongée dans la consternation suite à l’annonce du décès du maire de Dalifort-Foirail, Idrissa Diallo. Les témoignages fusent et décrivent un homme humble et une personnalité à l’engagement politique cacheté du sceau du patriotisme. Pourtant rien ne prédestinait à la politique cet informaticien, qui a soufflé sur sa 61e bougie le 5 décembre dernier (il est né en 1959 à Marssassoum, Sédhiou), à peine une vingtaine de jours.
En effet, son engagement politique est un pur hasard. Le 26 septembre 2002 marque à la fois une tragédie familiale car il a perdu trois enfants (8, 13 et 15 ans) dans le naufrage qui a fait plus de 2000 morts. Mais cette date symbolise aussi le point de départ d’une carrière politique sous-tendue par une volonté, une hantise obsessionnelle de faire changer les choses après ce drame. Cette tragédie l’a trouvé aux Etats-Unis d’Amérique où il s’était installé depuis 2000 après 11 ans de service au port autonome de Dakar comme chef de projet.
L’annonce du décès de ses trois enfants dans le naufrage a eu l’effet d’un couperet puisqu’Idrissa Diallo a sauté sur le premier avion pour revenir définitivement au bercail auprès des siens. C’est de là qu’est né son engagement dans un premier temps pour réclamer justice à travers le collectif des coordinations des familles de victimes du Joola dont il fut le président. Virulent contre le régime de Wade qu’il accusait de négligence dans ce drame, ce « Papa » meurtri marque les esprits.
Maire de Dalifort depuis 2009
Conscient que c’est au niveau des sphères décisionnelles qu’il pourra réellement changer les choses, Idrissa Diallo décide alors d’entrer dans la politique. C’est ainsi qu’il a décidé d’intégrer les verts de Colobane (Parti socialiste) en 2003 et gravit très rapidement les échelons et devient en 2006 secrétaire général de la section communale de Dalifort (où il vit depuis 1998) dont il devient le maire à l’issue des Locales de 2009 et rempilera en 2014.
Son ascension dans les rangs du parti socialiste est fulgurante. Après avoir intégré le bureau politique du parti, il est élu député sur la liste départementale de Pikine (Bby). « Je n’ai jamais pensé être un jour député, même maire, je n’ai jamais pensé le devenir un jour. C’était la première fois que je me retrouvais investi sur une liste pour les Législatives et c’était le même cas quand j’ai été élu maire. C’est le destin, je rends grâce à Dieu », soutenait-il dans un entretien avec Le Soleil.
À l’assemblée nationale, il a marqué la 12e législature par son combat pour la refonte de ses textes qu’il jugeait obsolète. « Il est temps de se pencher sur ces textes. On ne peut pas gérer une Assemblée nationale avec des textes de 1974 ou de 1980. C’est des textes de 2000 et de 2012 qui doivent gérer notre Assemblée nationale », déclarait-il.
Un pilier de Taxawu Dakar
Entre Idrissa Diallo et Khalifa Sall, c’est l’histoire d’une amitié à toute épreuve. Depuis la séparation douloureuse avec le parti socialiste, Khalifa Sall, Idrissa Diallo, Barthélémy Dias et d’autres jeunes responsables du Ps font bande à part. Sous la bannière de Taxawu Dakar, ils remportent les Locales de 2014 et se positionnent comme une véritable force politique. Jusqu’au jour où Taxawu Dakar fut décapé à travers la condamnation et la révocation de l’ex-maire de Dakar, Khalifa Sall à 5 ans de prison dans l’affaire dite de la caisse d’avance de la ville de Dakar.
Le défunt maire de Dalifort-Foirail en avait fait une affaire personnelle et faisait le tour de la presse pour dénoncer ce qu’il qualifiait de manœuvre contre un adversaire politique. « Dans l’affaire Khalifa Sall, on n’a jamais entendu un Dakarois dire donner moi une telle somme. Avec l’affaire Aliou Sall tous les Sénégalais réclament leur 400.000 Franc Cfa », déclarait-il lors d’un passage sur Rfm matin. On comprend mieux, après cette déclaration, pourquoi le président de la République a tardé à lui rendre hommage à l’annonce de son décès.

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