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Livres «Le cri de l’ifanbondi ou l’écho de la parole sanglée du poète pour la paix en Casamance» de Amadou Moustapha Dieng

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A travers son ouvrage «Le cri de l’ifanbondi», le poète-journaliste, Amadou Mous­tapha Dieng, offre aux lecteurs, particulièrement aux amoureux de la poésie, ce qu’il appelle le fruit de cette quête de paix en Casamance.

Par Mamadou SAKINE – «Le cri de l’ifanbondi», c’est une poésie qui chante la stabilité dans le Sud du Sénégal en proie à un conflit vieux de plus de 3 décennies. Elle porte la plume du poète-journaliste, Amadou Moustapha Dieng de la radio Sud Fm. Au fil des vers de ce «long poème» de 48 pages, il apporte son «humble contribution» pour le retour de la paix en Casamance. En effet, selon l’auteur, la résolution de la crise passe par mettre fin à ce qu’on appelle l’économie de la guerre. C’est-à-dire lutter contre tous ces types de trafics illicites de drogues, de bois. «Si mon chemin est si tordu. C’est qu’il croise la clairière de Boffa Bayott. Sur la nuque des villageois ploient, des troncs de bois rouges. Des troncs de bois de Djibouti. Et de bois de Vène abattus(Page35)», compose le poète. A la page suivante, il ajoute ainsi : «Etes-vous l’ange de la mort faucheuse à la main. Non ! Juste le braconnier du dimanche ou le meurtrier de la veille. Je suis pressé de rendre licite, le goût de la sueur à la gorge du fils de Confucius. Même si le Code forestier se corse, je donnerai ma jambe à couper.»
Boffa Bayott évoqué dans ces vers est rendu tristement célèbre un 6 janvier 2018. Ce jour-là, 14 bûcherons, partis chercher du bois, ont été sauvagement exécutés dans la forêt. Cette forêt de la Casamance, de Siganar à Mpaak en passant par Tenduk, Bessir, Thonck-Essyl pour ne citer que ces villages-là, a connu d’autres tragiques évènements. Ils sont l’œuvre des irrédentistes, des coupeurs de route, d’embuscades mortelles, de mines anti-personnel, d’attaques sanglantes. Plus de 30 ans de souffrance.
Aujourd’hui, avec le retour progressif des populations déplacées, Amadou Moustapha Dieng se fond en prières auprès de l’esprit suprême du bois sacré. «J’implore la pitié, l’Ifanbondi. Il me faut tout un rituel pour me repentir sans représailles spirituelles, car le chemin de la paix est culturel et cultuel. Jimënd ! Je suis homme qui se cherche. Et qui cherche la paix», (Page 24) demande-t-il.
Aujourd’hui, le poète se proclame ambassadeur de la paix culturelle et cultuelle. Et en cela sa majesté Sibulumbaye, roi du Kassa, qui, d’après l’auteur, est un exemple parfait, sa demeure, ses attributs et son pouvoir symbolisent cette symbiose entre la culture et le culte. «En plus, certaines  forêts de la Casamance sont sacrées, le fait d’y avoir aussi versé du sang condamne certains qui doivent demander et obtenir le pardon de l’esprit de la forêt ainsi profanée», explique l’auteur au cours d’un entretien.
En fait, le texte qui est en réalité un long poème  découpé en plusieurs «apparitions», est coloré de quinze tableaux «magnifiquement» illustrés par le peintre Kalidou Kassé. Ils sont présentés en sous-titres qui évoquent différentes réalités allant de la dimension culturelle et cultuelle de la recherche de la paix en Casamance en passant par un plaidoyer pour la promotion et la valorisation du patrimoine culturel source de retombés économiques, aux dures réalités quotidiennes des populations du Sud, dixit l’auteur. Ce dernier parle aussi des problèmes d’accès à l’eau sur l’île d’Eloubaline, les problèmes liés à l’éducation à la cantine scolaire de Bouyouye, la santé et le désenclavement dans le Kalunay, etc.
Par ailleurs, Amadou Moustapha Dieng partage avec ses lecteurs, le lien avec la Casamance en bon sérère, descendant de Ageen, sœur de Jambon, les deux aïeuls des diolas et des sérères. Il a un double lien avec la Casamance et ce lien est lisible sur la dédicace qu’il fait «à ma très chère mère adiaratou Ya Nyoye Diop voici les feuilles mortes de ma forêt fœtale».
Le poète dont la mère a vécu en Casamance proclame sa terre anténatale et réclame sa nature de fils du Sud et d’ailleurs il a même été rebaptisé «Ampa sibet» par le fétiche de Sangawatt (Page 21). «En lançant ce cri naturel, culturel et spirituel avec le «Fambondi», j’ai voulu secouer et faire sursauter les fils du Sud pour qu’ils se réveillent et à l’instar du nouveau-né, vivre ou revivre le moment interrompu de la paix», dévoile Amadou Moustapha Dieng.
lequotidien.sn

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